Interview avec Calssara

Pouvez-vous me dire quand et comment vous avez découvert le cosplay ? 

La première fois que j’ai vu des cosplayeurs, c’était lors d’une convention en 2003 à laquelle j’ai assisté en tant que simple visiteur. J’ai tellement adoré les costumes colorés que l’année suivante, j’ai voulu essayer d’en fabriquer un et d’aller à la convention. J’ai confectionné moi-même un costume entièrement cousu à la main (et collé), et j’ai tout simplement ADORÉ le porter.

Évolution du cosplay

Après plusieurs années dans le cosplay, vous avez été témoin de l’évolution du cosplay dans le monde entier, et le monde des réseaux sociaux ne cesse de s’étendre, certains réseaux disparaissent et d’autres apparaissent. Avez-vous réussi à vous adapter à cet environnement ?

Je me souviens de la première « page de réseaux sociaux cosplay » que j’ai utilisée en tant que débutant en 2004, c’était « Cosplay Heaven ». Une page exclusivement allemande où les cosplayeurs partageaient leurs photos. À l’époque, avoir de 8 à 15 réactions sur un cosplay était INCROYABLE.

La communauté était petite, mais amicale et serviable, et il y avait rarement des interférences de la part de personnes qui n’étaient pas des cosplayeurs ou des photographes. C’était en réalité un excellent endroit pour commencer.

C’est génial que le cosplay soit devenu un passe-temps beaucoup plus important, permettant à davantage de personnes de s’y joindre.

Chaque évolution apporte son lot de succès uniques, mais aussi de défis uniques. Personnellement, le changement le plus difficile à accepter pour moi est que les cosplayeurs sont maintenant considérés comme des « animateurs » et non seulement comme des artistes ou des artisans. Ainsi, la création et la modélisation de costumes sont souvent associées à la réalisation de vidéos amusantes, de danses, de transformations de maquillage, de tutoriels de création, de livres de construction, de jeux en costume, et bien d’autres activités.

Pour la plupart d’entre nous, le cosplay reste un passe-temps, nous pouvons donc facilement choisir les parties du cosplay et les activités spécifiques liées au cosplay que nous apprécions le plus.

Il est amusant d’essayer certaines activités et de tester si c’est quelque chose que nous aimons. Il peut être difficile de se rendre compte qu’une activité de cosplay populaire n’est pas quelque chose que l’on apprécie, alors que ce que l’on préfère en ce moment n’est pas à la mode. Recevoir des retours sur ce que nous avons fait et rechercher des éloges est un besoin très humain.

Dans les moments où je me sens peu sûr de moi ou malheureux, j’essaie généralement de communiquer et d’interagir encore plus avec mes amis. Nous nous donnons mutuellement des retours, du soutien et de l’amour.

Qu’est-ce que tu penses et quelle image as-tu de l’évolution du cosplay aujourd’hui ? (Photos de cosplay, diversification du terme cosplay, accès aux cosplays pour tous), Comparé à quand tu as commencé et maintenant, qu’est-ce qui te fascine aujourd’hui ?

Je pense que l’évolution du cosplay aujourd’hui est tout simplement fascinante. Il y a eu une diversification du terme « cosplay » lui-même, ainsi qu’une plus grande accessibilité aux costumes cosplay pour tout le monde.

L’aspect le plus étonnant, selon moi, est l’accessibilité des matériaux. Quand j’ai commencé, il était déjà difficile de trouver des tissus, car il n’y avait presque pas de boutiques en ligne et ma ville n’avait qu’un seul magasin de tissus. Si le tissu dont j’avais besoin n’était pas disponible, je devais choisir un autre personnage. La mousse était uniquement disponible sous forme de « tapis de yoga » et il n’existait qu’un seul nuance de vert, de bleu, de rouge et de perruques roses à choisir.

Votre personnage a les cheveux bleu clair ? Tant pis, maintenant ils auront les cheveux bleu marine.

Nous avons beaucoup plus de possibilités pour obtenir les matériaux dont nous avons besoin pour fabriquer nos costumes comme nous le souhaitons. Nous avons même la possibilité d’apprendre de nouvelles choses à chaque fois, comme l’impression 3D, la découpe au laser, des techniques de broderie spécifiques, des perruques incroyables à coiffer.

De plus, il existe maintenant de réels tutoriels qui nous apprennent à les utiliser. Je me souviens qu’il y avait un tutoriel sur l’utilisation de la mousse (comme cette mousse artisanale très fine utilisée principalement par les enfants) pour fabriquer des accessoires et c’était légendaire. Il n’y avait personne qui n’utilisait pas ce tutoriel. Il était hébergé sur un blog personnel, et pas même sur les réseaux sociaux, YouTube ou autre chose que nous avons maintenant. La même chose s’applique à ce tutoriel de couvre-bottes avec une base de tongs de plage, haha. Les gens étaient déjà créatifs à l’époque.

J’apprécie également que les possibilités d’obtenir de belles photos de vos cosplays aient augmenté. Même les téléphones peuvent prendre de très belles photos. J’ai vu de superbes portraits pris en mode selfie. Quand j’ai commencé, j’avais cet ancien appareil photo numérique et mes photos faisaient 800×600 pixels. Il fallait prier pour qu’un « photographe » avec « un vrai gros appareil photo » vous demande de poser pour obtenir quelque chose de meilleure qualité. Je me souviens quand mon ami a acheté cet « appareil photo numérique vraiment incroyable et cher à 250 € qui faisait des photos de 1200 pixels de large » ! Nous étions tellement excités.

En résumé, l’évolution du cosplay aujourd’hui offre plus de possibilités, de matériaux accessibles et de belles photos, ce qui rend cet art encore plus passionnant et gratifiant.

 

Selon toi, qu’est-ce qui n’est pas suffisamment mis en avant et que nous devrions savoir en tant que cosplayers ?

De nombreux jeunes grandissent avec la culture des influenceurs. Nous voyons des personnes « gagner leur vie » en créant du contenu en ligne. En tant que jeune personne qui s’amuse avec le cosplay, cela peut être un « emploi possible » pour certains qui viennent de commencer le cosplay comme passe-temps. Mais, il existe de nombreux emplois différents que quelqu’un peut exercer avec les compétences qu’il a commencé à acquérir en tant que cosplayer.

Devenir un influenceur n’est pas la seule voie possible.

Je suis bibliothécaire, mais ma bibliothèque dispose également d’un espace de création qui enseigne l’artisanat et l’utilisation de machines (machine à coudre, découpe laser, machine à broder, imprimantes 3D, etc.) ainsi que d’autres compétences.

D’autres amis à moi sont devenus illustrateurs pour des livres, des concepteurs web, des photographes (pour des personnes ordinaires, pas seulement des cosplayers ;D), des créateurs de patrons, des vidéastes, des monteurs vidéo, des professeurs d’art, des éducateurs multimédias, des programmeurs, des costumiers pour le théâtre, des maquilleurs ou des organisateurs d’événements.

Ne pas gagner d’argent avec son passe-temps n’est pas une mauvaise chose. La culture de l’effort constant nous dit que nous ne pouvons pas perdre de temps sans gagner d’argent, mais avoir un passe-temps agréable n’est pas une perte de temps.

Il existe suffisamment de compétences que nous pouvons apprendre, basées sur notre passe-temps, qui peuvent nous aider dans notre carrière. Parfois, simplement apprendre certaines compétences sociales est déjà formidable et utile pour leur future carrière.

Avec la situation sanitaire et le confinement (en 2019), as-tu réussi à garder cette motivation ? Et comment as-tu essayé de développer ta productivité ? Et qu’est-ce qui t’a inspiré à maintenir ton rythme ?

J’ai totalement perdu ma motivation ! Je suis une personne qui puise son énergie créative en rencontrant réellement des gens et en voyant du cosplay dans la vraie vie, et pas seulement sur des photos et des vidéos.

Il est génial que nous ayons encore les réseaux sociaux pour rester en contact les uns avec les autres, mais une grande partie du passe-temps me manquait. Je n’avais donc pas vraiment envie de créer et de faire des séances photos.

Je suis beaucoup moins « productif » qu’avant l’arrivée de la covid. Au début, cela me dérangeait vraiment émotionnellement, mais maintenant cela ne me dérange plus autant. En fin de compte, le cosplay est un passe-temps pour moi et pour beaucoup d’autres personnes également. Et « ne pas être productif » dans un passe-temps n’est pas terrible.

Nous faisons des hobbies pour passer un bon moment.

Et, si j’ai un meilleur moment à me détendre sur mon canapé, à regarder des séries télévisées, ainsi soit-il.

Ralentir et ne pas me presser est en réalité quelque chose que j’ai commencé à apprécier. Le rythme de création de contenu en ligne ne cesse d’augmenter chaque année et j’ai l’impression d’avoir dépassé ça dans certains domaines.

Je continue de me demander « quel est le bon moment pour publier cette jolie photo de la dernière séance photo ? » et je me soucie également de créer des choses qui me procurent de la joie, me font me sentir belle et réaliser de belles créations.

Mais je ne veux plus me surmener. J’ai un emploi à temps plein et je fais du cosplay en plus de cela en tant que passe-temps.

En regardant d’autres personnes qui ont des hobbies différents du cosplay, j’ai réalisé à quel point nous, les cosplayers, nous nous poussons et à quel point nous avons souvent peu de temps de « détente » pour nous-mêmes et pour les autres.